Une question innocente, un grand pas vers la conscience écologique

La semaine dernière, ma fille de 3 ans, en voyant une image de fraises dans un supermarché suisse, m’a demandé si on pouvait en manger au mois de mars. Ce simple moment m’a réjouie pour deux raisons : d'abord, parce qu'elle commence à prendre conscience que tout n’est pas disponible à tout moment de l'année, et ensuite, parce que cela m’a donné l’opportunité d’introduire tout doucement la question de la saisonnalité des aliments dans ses repères. Voici ma réponse :

  « Non, ma chérie, on ne mange pas de fraises en mars. Les fraises poussent ici chez nous en été. Il va falloir attendre encore un peu. Entretemps, on peut profiter des pommes, des poires et des kiwis. Tu verras, dès que les fraises de notre balcon commenceront à pousser, ce sera le bon moment ! »


Elle a trouvé cet argument suffisamment logique et a rapidement passé à autre chose… pour s’émerveiller devant un papillon qui se posait alors sur une petite fleur jaune sur notre chemin.

Cette anecdote s'est déroulée la même semaine où j’étais marraine du Festival du Film Vert de Genève, où j'ai eu le plaisir d’animer une table ronde après la projection du documentaire De l’assiette à l’océan. Ce film met en lumière les liens entre notre alimentation et l'impact écologique, en particulier sur les océans. En tant que parents, il est essentiel de comprendre que nos choix alimentaires peuvent avoir des conséquences profondes sur la santé de la planète.

Quatre thématiques sont explorées dans le documentaire : la consommation de poisson, la consommation de viande, les intrants chimiques et le transport des aliments. Lors de cette table ronde, j’ai pu discuter avec trois intervenants très complémentaires : un biologiste marin de la Geneva Ocean Academy, la présidente de la chambre d’agriculture genevoise et un chef spécialisé en cuisine végétale. Cette table ronde m’a permis, ainsi qu’au public, de rappeler l’importance de réduire, voire d’arrêter pour les plus courageux, la consommation de poisson et de viande. Comme le dit très bien le film : "Nous n’attendons pas de manger de la truffe chaque jour, alors pourquoi cela serait-il le cas pour les protéines animales ?"

À titre d’exemple, alors qu’en Suisse nous n’avons pas d’accès à la mer, nous consommons en moyenne 5 fois plus de poisson par an et par personne que la moyenne mondiale. Ce chiffre est d’autant plus préoccupant quand on sait qu'environ 98 % des poissons que l’on peut acheter en Suisse proviennent de la pêche industrielle. Alors ? Quelles alternatives choisir ? Selon les experts avec qui j’ai pu échanger : privilégier du poisson issu de la pêche artisanale (pour autant qu’on en connaisse l’origine), des poissons d’eau douce comme les truites saumonées tout en évitant ceux issus de la pisciculture. Ou encore, si on est prêts à supprimer le poisson de notre alimentation, se tourner vers les algues, situées tout en bas de la chaîne alimentaire (et donc moins polluées), riches en vitamines et nutriments !

Des chiffres et des faits pour comprendre l’impact de nos choix alimentaires

Pour comprendre l'importance de nos choix alimentaires, il est essentiel de prendre en compte les chiffres : saviez-vous que la production de viande est responsable de près de 15 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit autant que le secteur des transports ? Ou encore que l'importation de fruits et légumes hors saison consomme une quantité considérable d'énergie et génère des gaz à effet de serre ? Réduire la consommation de produits importés et privilégier des repas à base de légumes locaux et de saison peut contribuer à diminuer notre empreinte carbone. En discutant de ces faits avec nos enfants, nous leur permettons de comprendre l'impact de chaque choix alimentaire.

Que mange-t-on ce soir ? Le poids de la charge mentale

Planifier les repas familiaux représente déjà une charge mentale importante : comment faire en sorte que ce soit équilibré, rapide, savoureux, et adapté aux goûts de chacun ? Ajouter la dimension écologique à cette liste semble parfois irréalisable. Pourtant, en intégrant des habitudes simples, comme privilégier des produits locaux, de saison et biologiques, nous pouvons agir concrètement pour la planète, tout en élevant nos enfants dans cette logique. Or, cela demande souvent un changement des habitudes. Et, comme tout changement, c'est parfois loin d'être évident.

Voici quelques conseils pratiques pour intégrer l'écologie à vos repas :

• Planifiez les repas autour de ce que vous avez sous la main, en utilisant des produits de saison disponibles dans votre région. Cela réduira vos coûts tout en minimisant l'impact écologique lié au transport des aliments.


• Faites participer vos enfants à la préparation des repas : leur apprendre à cuisiner à partir de produits locaux et de saison est un excellent moyen d'éduquer les jeunes générations à des choix alimentaires durables.


• Recherchez des recettes végétariennes simples et savoureuses : par exemple, un curry de légumes de saison ou une soupe de légumes locaux peuvent facilement remplacer des plats à base de viande, tout en étant délicieux et nourrissants.


Les défis auxquels nous faisons face et comment les surmonter

Bien sûr, il existe des défis importants à intégrer des choix alimentaires écologiques dans nos vies quotidiennes. Les contraintes de budget, le manque de temps, ou la disponibilité limitée de certains produits locaux peuvent être des obstacles. Une solution simple pour surmonter cela consiste à cuisiner en grande quantité et à utiliser les restes pour le repas du lendemain, réduisant ainsi le gaspillage alimentaire et le besoin de préparer des repas complexes chaque jour.

De plus, il est important de rappeler que ce changement ne doit pas être radical : une transition progressive est souvent plus réaliste. Par exemple, vous pouvez commencer par introduire un ou deux repas végétariens par semaine, puis augmenter progressivement les choix écologiques à mesure que vous vous y habituez. Et dans tous les cas, comme dans n'importe quel domaine, nul besoin d'être parfait tout le temps. Il s'agit plutôt d'opérer des changements progressifs qui s'installent de manière durable dans le temps et qui viennent modifier les habitudes du ménage sur le long terme.

Un changement de perspective, pour un avenir respectueux des limites planétaires

Et vous, comment faites-vous pour concilier alimentation équilibrée, saine et respectueuse de l’environnement dans votre quotidien en tant que parents ? Comment partagez-vous ces choix avec vos enfants ? N'oubliez pas que chaque petit geste compte, et plus nous agissons tôt, plus nous avons d'impact sur la planète et la santé de nos enfants.

Si ce sujet vous parle, Parents d'Avenir organise des ateliers en petits groupes (6 à 10 parents) pour échanger sur ces thématiques et bien d’autres liées aux enjeux du changement climatique. Ces moments sont parfaits pour se soutenir dans cette démarche et trouver des solutions concrètes pour allier écologie et parentalité. N’hésitez pas à nous contacter pour plus d'informations et pour vous inscrire !

Votre action commence aujourd'hui ! Ensemble, faisons de l'alimentation un levier pour un avenir plus sain pour nos enfants.